pour m'en tenir á un seul pais voisin, vous m'avez prié, á propos du Papillon, de vous donner mon sentiment sur le naturalisme en Espagne. Je confesse d'abord mon ignorance, nous lisons rarement les romans étrangers, il me faudrait un travail préparatoire considérable; puis, le peu que j'en sais me déroute. Par exemple, nous sommes soutenus lá bas,—et j'ai des remerciements personnels á lui adresser,—par madame Pardo Bazan, qui est une catholique militante. Vous voyez ma stupeur, il est évident que le naturalisme de cette dame est un pur naturalisme littéraire. Il faut en conclure, je pense, que les évolutions littéraires sont comme les coups de mistral qui emportent et sèment la poignée de graines dans tous les champs d'alentour: selon le terrain, la plante se modifie, est la même en devenant autre; selon la nation, la littérature pousse des rameaux différents, emprunte au génie du peuple et de sa langue des fleurs d' un éclat original.
C'est ce que j'ai senti en lisant le Papillon, et c'est pourquoi j'envoie á Narcis Oller, non l'encouragement d'un précurseur, mais la poignée de main d'un frère.
Médan, 15 octobre 1885.